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L'histoire de la peinture miniature, laquelle fait partie de l'art islamique médiéval, remonte à un manuscrit unique et complet qui date du début
du XIIIe siècle. Il s’agit des miniatures illustrant les poèmes d’Ayouki « Varga et Gulchah » (Istanbul, Topkapi, H. 841). Tout en restant influencé
par les anciens stéréotypes, l’artiste a réussi à aller au-delà de la fixation ou schématisation de l’objet et à y insérer le mouvement. Cela a été la
principale caractéristique de la peinture de l’époque. Il a aussi réussi à enrichir l’action, en y introduisant d’autres personnages, ce qui a favorisé
l'aspect dynamique et le mouvement. Le manuscrit est composé de 70 feuilles qui correspondent exactement à 140 pages et qui sont toutes peintes
avec un magnifique
nashi
.
La qualité des miniatures indique l’origine royale de l’artiste. Les miniatures recensées sont au nombre de 71 et
illustrent l’ensemble des épisodes les plus importants du poème. En observant les miniatures de plus près, on reconnaît immédiatement le sujet
représenté. La majorité d’entre elles ont des légendes explicatives, élaborées par des copistes ou par le peintre lui-même. Plus tard, ces légendes
ont été écrites par un calligraphe qui a identifié les personnages en spécifiant leurs noms. On y trouve essentiellement des histoires d'amour
pleines de rebondissements qui se terminent toutes par une fin heureuse, des guerres ainsi que des jeux de prédiction. L'auteur des illustrations
évitait de représenter le caractère des personnages ; il donnait à voir les larmes, les cris et les assassinats, mais ne rendait pas compte des
sentiments intérieurs. L’étude des miniatures ne peut que confirmer la complexité de leurs qualités artistiques et esthétiques et permet de mieux
cerner la peinture et la miniature du Moyen-Orient du début du XIIIe siècle. A ce titre, « Varga et Gulchah » constitue le seul manuscrit du
début du XIIIe siècle entièrement conservé, remontant donc à la période pré-mongole. Son auteur, azerbaïdjanais, vivait alors dans la ville de
Khoy. D'après les chercheurs A. Gaziev, K.Kerimov et J.Hasandé, ce manuscrit est le tout premier exemple de l'art de la miniature.