Les articles 1, 4, 6, 8 et 9 du Traité
de
Kurektchay
stipulent les obligations
d’
Ibrahim Khan
tandis que les articles 2, 3, 5 et 7
fixent celles de l’Empire Russe. La Russie reconnaît sans
ambiguïté l’existence du Khanat de Karabakh comm
e Etat indépendant en reconnaissant
Ibrahim Khan
et ses
successeurs comme les seuls souverains du Khanat. Dans tous les articles
Ibrahim Khan
est nommé, il est présenté comme
Ibrahim Khan
de Choucha
et de Karabakh. Un autre élément important est le fait que la préservation de l’intégrité
du Khanat de Karabakh est sous la garantie de l’Empereur russe lui-même. L’article 10 stipule
que le Traité est conclu à perpétuité et ne peut pas être modifié en aucune circonstance. Le Traité
de
Kurektchay
ne contient pas une seule mention des prétentions et de l’attitude des méliks
de Karabakh ou des arméniens envers le Khanat. Ainsi, le statut du Khanat de Karabakh est radicalement
changé avec la signature du Traité de
Kurektchay
,
entrainant le changement du statut de Choucha qui est
son centre. La non-observation des articles du Traité de
Kurektchay
par l’Empire Russe envenime la situation.
En 1806, le commandant
Lissanevitch
de la garnison russe installée à Choucha attaque lâchement avec son
détachement la maison du Khan en massacrant le Khan et sa nombreuse famille. Même, les historiens russes ont
été obligés de déplorer ce crime sanglant. Le 10 septembre 1806,
Mekhtigoulou Khan
,
le fils d’
Ibrahim Khan
est
nommé Khan de Karabakh par
oukase
de l’Empereur Alexandre I (1806-1822). En 1822, le Commandant en Chef
des troupes russes au Caucase
A.P.Yermolov
(1816-1827),
contrairement aux termes du Traité de
Kurektchay
,
abolit
totalement le Khanat de Karabakh. Comme nous l’avons déjà mentionné, l’un des traits spécifiques de l’établissement
de la ville de Choucha était la création de lieux habitables. Sa croissance est très rapide.
Mirza Djamal Djavanchir
avait porté une attention particulière aux grands travaux de construction pendant le règne de
Panakh Khan
et
Ibrahim
Khan
.
On mentionne souvent les vieux remparts de la forteresse de Choucha érigés sous
Panakh Khan
,
la grande
mosquée construite pendant le règne d’
Ibrahim Khan
(1768-1769),
les nouveaux remparts de la forteresse de Choucha
(1783-1784)…
Choucha se forme et se développe en tant que ville azerbaïdjanaise. Son développement rapide
s’accompagne de la croissance de sa population. A la fin du XVIIIème siècle, on note la présence de trois mille
familles dans la ville et sa périphérie pour un total de quinze mille personnes. Les événements de 1795 et 1797 font
régresser la population urbaine mais elle se rétablit rapidement. Choucha devient un centre important d’artisanat et
de commerce de l’Azerbaïdjan. Les marchands de Choucha ont des rapports commerciaux avec
Tabriz, Téhéran,
Isfakhan,
Moscou et d’autres villes. La ville avait le droit de battre monnaie, une monnaie d’argent qui s’appelle
panabadi (panakhbadi)
.
Le rôle historique majeur de Choucha en tant que ville azerbaïdjanaise résulte de sa grande
contribution à la culture du peuple azerbaïdjanais.
Mollah Panakh Vaghuif
,
célèbre homme d’Etat et auteur classique
de poésie nationale a vécu la plus grande partie de sa vie dans cette ville. Le fameux critique littéraire
Firouddin bek
Ketcharli
a écrit : « Le plus célèbre et le plus remarquable poète turc azerbaïdjanais est
Mollah Panakh Vaghuif
Mollah Panakh
avait des connaissances dans plusieurs sciences et domaines scientifiques et c’est pour cette raison
qu’il avait choisi le nom de plume suivant :
Vaghuif
(
qui signifie homme compétent ou expert). Les activités créatives
de
Vaghuif
,
empreintes d’un esprit démocratique, sont considérées comme une nouvelle étape dans l’histoire de la
langue littéraire d’Azerbaïdjan». Après la suppression du Khanat de Karabakh, le système russe d’administration est
instauré. Le Khanat de Karabakh et son centre, la ville de Choucha, occupent une place particulière dans la politique
du gouvernement tsariste de l’arménisation des terres de l’Azerbaïdjan du Nord. Selon les données recueillies par
la Russie en 1823, au moment de la liquidation du Khanat de Karabakh, la ville de Choucha comptait 1050 familles
azerbaïdjanaises (presque 70% de la population). Selon le Calendrier Caucasien, il y a 43.869 résidants enregistrés
à Choucha en 1917. Parmi eux, 19.121 personnes (43.6% étaient les azerbaïdjanais, 23.396 (53.3%) personnes étaient
les arméniens. Dans ce cas, on voit clairement le changement de la composition ethnique en faveur des arméniens!
Autre cause de l’augmentation du nombre des arméniens à Choucha est expliquée par le génocide des azerbaïdjanais
commis par les arméniens. Le génocide des azerbaïdjanais commis par les arméniens dans les années de 1905-1906
avait une échelle particulière à Choucha. Les arméniens protégés par les autorités tsaristes ont tués ici centaines
d’azerbaïdjanais. Pendant la période de la coexistence des azerbaïdjanais et des arméniens au sein de l’Empire Russe
(
le XIXème siècle – le début du XXème siècle), les arméniens à travers leur politique de la purification ethnique
faisaient tout le possible pour renforcer leur position dans la région. Après la création d’état appelé – l’Arménie – sur
les terres historiques azerbaïdjanaises au mois de mai de 1918, le génocide des azerbaïdjanais par les arméniens avait