uniquement à des fins d'éducation ? Chercher la cause d'un
incident dans l'inexpérience des jeunes, ce serait, pour un
spécialiste, se dérober à ses responsabilités. Or, quand nous
rendons de vieux puits à l'exploitation (je ne sais trop pourquoi
on les appelle chez nous des « puits morts» –c’est bien à tort
selon moi, car il n'y a pas de puits morts, il n'y a que des gens
apathiques) ; quand nous rendons les vieux puits à l'exploita-
tion, nous nous heurtons à toutes sortes de difficultés. Très
souvent, l'eau s'infiltre et se mêle au pétrole, et c'est avant tout
la faute aux ingénieurs ; ce sont eux qui en répondent.
Fikret saisit fort bien l'allusion du directeur : le cas dont il
parlait s'était produit aux vieux puits remis en exploitation sous
sa direction à lui, Fikret.
«
Vous devez savoir, camarade Fikret, que parfois malgré
toute leur science nos géologues eux-mêmes n'arrivent pas à
déterminer où est le pétrole et où se trouve l'eau. Et encore une
fois, les jeunes ouvriers ne sont pas en cause. »
À mesure que Koudrat parlait, le silence se faisait plus
profond et plus tendu. Beaucoup se sentaient soulagés d'un
grand poids. Le directeur disait précisément ce qu'ils pensaient
mais n'osaient dire tout haut.
«
Tant que nous ne saurons pas toucher le cœur de nos vieux
maîtres foreurs, des ouvriers honnêtes et consciencieux, de nos
meilleurs spécialistes, poursuivait Ismaïlzadé, tant que nous
n'aurons pas appris à éduquer la jeunesse, notre trust continuera
d'être ce qu'il est aujourd'hui. J'ai passé pas mal de temps à
prendre l'avis de nos travailleurs les plus avancés aux réunions
et parfois aussi en parlant avec eux en tête à tête… Je crois en
leur force, en leur sincérité. Nous manquons de bras ? Cela,
nous le savons tous. Mais à quoi nous servirait-il d'avoir vingt
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CHAPITRE IV