veille; s’ils bredouillaient de nouveau, Koudrat inscrivait leur
nom dans son calepin en disant : « Je te donne encore un jour.
Si tu es incapable de me répondre demain, je ne veux plus
jamais te voir !»
«
Pourquoi êtes-vous tous devenus si sévères ? » demanda
un jour Taïr à Djoumazadé, un ancien artilleur, un des maîtres
que les élèves aimaient le plus. Il avait été démobilisé vers la fin
de la guerre pour invalidité.
«
C'est trop tard d'apprendre à bien tirer pendant une prépa-
ration d'artillerie. Il faut le faire bien avant. Si un artilleur
connaît mal les mathématiques, que fera-t-il pendant la bataille
?
Pour le pétrole, c'est la même chose. Nous sommes à l'époque
du forage à turbine. Pour lutter avec la nature, il faut savoir
beaucoup, beaucoup de choses. »
Après cet entretien, Taïr se remit à l'étude avec plus de zèle
encore : il lisait plus, extrayait des livres tout ce qu'il considérait
comme important, interrogeait ses maîtres sur ce qu'il n'arrivait
pas à comprendre tout seul.
Depuis que les différents puits étaient entrés en émulation
socialiste, celui d'
ousta
Ramazan se distinguait par une
accélération considérable des rythmes de travail. On disait que
dans les autres équipes également la situation s'améliorait. Les
journaux notaient déjà un tournant dans l'activité du trust
d'Ismaïlzadé.
Ousta
Ramazan ne perdait jamais de vue ses apprentis,
notamment Taïr et Djamil, les plus jeunes de tous. Il s'occupait
d'eux jour après jour, les habituait à travailler et à réfléchir par
eux-mêmes. Et Vassiliev le secondait de son mieux. Il était
beaucoup plus jeune qu'
ousta
Ramazan, mais connaissait la
technique du forage aussi bien que lui. Tout ce qu'il savait,
Ramazan l'avait appris en travaillant « à la sueur de son front»,
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MEKHTI HOUSSEIN
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Apchéron