comme il aimait à dire; Vassiliev, lui, avait terminé des cours
spéciaux.
Il semblait à
ousta
Ramazan que Taïr n'avait pas abandonné
l'idée de retourner au village, bien qu'il eût promis de « ne pas
quitter le champ de bataille. »
«
SerguéiTimoféevitch, disait-il à Vassiliev, il faut avoir l'œil
sur Taïr, il est encore si jeune ! À son âge on considère parfois
ce qui est utile comme un fardeau et ce qui est nuisible comme
un appât. »
Vassiliev avait confiance en l'expérience d'
ousta
Ramazan,
en sa faculté de reconnaître parmi les élèves ceux qui étaient
prometteurs, et il s'était, lui aussi, pris d'affection pour Taïr.
Mais ils ne lui passaient rien, ni l'un ni l'autre. Ils exigeaient de
lui une attention soutenue et une précision rigoureuse dans le
travail, considérant que l'habileté devait absolument avoir pour
complément la discipline. Pour eux, c'était une règle sacrée. Et
Taïr commençait à comprendre que la sévérité était nécessaire.
Après soixante ou soixante-dix mètres de forage, le trépan
s'émoussait et s'ébréchait; on devait le remplacer. Pour cela il
fallait le remonter à jour. Cette fois,
ousta
Ramazan désigna
pour le faire Djamil et Taïret il s'assit un peu plus loin sur un tas
de tiges pour surveiller le travail des jeunes gens. Il vit le tube
de forage, qui brillait comme un serpent après la mue, sortir du
puits, décrire un arc et rejoindre la plate-forme. À la rapidité
de son mouvement, il apprécia le rythme du travail de Taïr et de
Djamil et murmura avec un sourire de satisfaction :
«
Très bien, les gars ! Bravo ! »
Puis il se leva et s'approcha d'eux. Taïr avait les mains noires
et le visage couvert de sueur ; sa combinaison de travail était
pleine de taches.
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CHAPITRE V