dans la serrure et entra sur la pointe des pieds. Dans la salle à
manger, il vit sa femme qui l'attendait devant la table servie.
«
Que de bonnes choses, Lalé, comme tu me gâtes, dit-il.
As-tu du thé ? J'en boirais bien un verre. »
Lalé brancha la bouilloire électrique.
«
Je t'attendais plus tôt aujourd'hui, dit-elle. Eh bien,
comment vont tes affaires ?
Nous sommes en progrès, mais ça va lentement. Et tu
sais ce qui me manque ? Des tubes de forage. Ceux que nous
remontons des puits abandonnés sont tordus comme des
ressorts. Il nous en faut, au bas mot, trois kilomètres. La plupart
de nos élévateurs doivent être réparés. Tout est à faire.
Oui, ça va mieux chez vous, il n'y a pas à dire, tu es
arrivé à 85%. Et moi, je piétine sur place, je vis de mes anciens
succès. »
Lalé se tut un instant, et tout à coup demanda :
«
Dis-moi, pourquoi avez-vous renvoyé mes gens ?
Quels gens ?
Mais les trois équipes que je vous avais envoyées pour
vous donner un coup de main.
Ah oui ! fit Koudrat en relevant ses sourcils. En effet,
nous les avons renvoyés.
Mais pourquoi ? Il faut pourtant que vous remplissiez le
plan ?
Oui, bien sûr, répondit Koudrat. Seulement j'espère que
nous saurons nous en tirer tout seuls. Et puis, je songe aux
batailles que nous aurons à livrer demain. »
Lalé haussa les épaules, ne comprenant pas.
«
Que veux-tu dire ?
Ton eau bout, Lalé, fit Koudrat en désignant la bouilloire
dont le couvercle dansait sous la pression de la vapeur.
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CHAPITRE V