à tous ?
Ousta
Ramazan ne m'a pas dit un mot, et vous, vous
vous égosillez comme si vous étiez ses avocats !
Tu vois bien que tu n'as pas encore compris ta faute, bien
que tu aies promis de te corriger.
Il y a une chose que j'ai oubliée de dire à la réunion : seul
celui qui ne fait rien ne se trompe pas.
Il ne suffit pas de répéter des paroles sensées à tort et à
travers, fit Latifa avec une pointe d'humeur. Mais elle ajouta
plus doucement:—Ecoute, Taïr, tu me fais pitié... tu es quand
même mon camarade...
Aie plutôt pitié de toi-même !
Taïr avait fait demi-tour, il s'éloignait.
Latifa le regardait s'en aller. « Quel entêté !» se dit-elle, et
elle partit de son côté.
Taïr rentra chez lui. La chambre était déserte. Il s'étendit et
prit un livre. Mais il n'arrivait pas à se concentrer. Une question
tournait dans sa tête, obsédante : « restera-t-elle toujours mon
ennemie ? Il n'y trouvait pas de réponse. »
Bientôt Samandar arriva.
Ne t'en fais pas, Taïr, dit-il, tu n'es pas le seul à qui cela
arrive !
Tu as entendu ce qu'elle a dit, comme elle était en colère?
Chatte qui aime ses chatons ne les laisse pas en repos...
Elle n'est pas une chatte, et je ne suis pas un chaton.
C'est le proverbe qui dit ça...
Il ne me plaît pas, dit Taïr.
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CHAPITRE V