menait chez Latifa. «Il faut que je la voie et que je lui dise tout
ce que j'ai sur le cœur. Pourquoi ne m'a-t-elle pas cru ?»
Le soir tombait, mais les lumières n'étaient pas encore
allumées. Taïr marchait au milieu de la rue, sans voir les autos
qui filaient dans les deux sens. Y aller ? Ne pas y aller ? Non,
je n'irai pas ! J'agirai autrement...
«
Que fais-tu par ici, Taïr ?
Il se retourna d'un mouvement rapide. C'était elle ! Il n'en
croyait pas ses yeux. Elle, juste ici !
O allais-tu ?
Pourquoi ne pas le dire ? Taïr répondit en la regardant dans
les yeux :
Chez tes parents.
Pourquoi ?
Pour me plaindre à ton père et à ta mère. »
Elle se mit à rire.
De quoi ?
De toi, qui as été si méchante !
Taïr était bien malheureux, mais Latifa, comme si elle
voulait le piquer plus encore, répondit :
Dire la vérité, d'après toi, c'est donc être méchante ?
La vérité? Le visage de Taïr se contracta.— Quel droit
as-tu de ne pas me croire ?
Tu devrais te le demander à toi-même.
Mais en quoi suis-je pire que les autres ?
Interroge-toi, et tu verras !
Ils s'étaient tus. Latifa songeait : « Ça lui fait de l'effet...»
Ecoute, Taïr, si tu vas te plaindre à mon père, ça ne te fera
que du tort. Il te tirera les oreilles pour n'avoir pas été attentif...
C'est un vieil ouvrier du pétrole qui ne te pardonnera pas.
Je n'arrive pas à comprendre ce que cela peut vous faire
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MEKHTI HOUSSEIN
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Apchéron