il les attribuait à sa faiblesse de femme. Il était convaincu que
l'homme ne vient pas au monde pour s'amuser et goûter aux
jouissances faciles. Et en lui-même, il répliquait à Toukezban:
«
Koudrat est ton fils, mais il n'a pas le droit de vivre pour toi
seule. N'ai-je pas raison ? Si je ne me souciais que de moi-
même, je ne serais pas retourné au puits en ayant ma pension »
Ousta
Ramazan ne disait rien de tout cela. Il écoutait
Toukezban et hochait doucement la tête, mais il n'en pensait
pas moins à sa manière.
Koudrat faisait mine de suivre l'entretien de Toukezban et
de Ramazan, mais il était ailleurs. La conférence de ce jour-là
ne lui sortait pas de la tête. Mirzoev était parti furieux. Il ne
manquerait pas d'aller raconter à la Direction ce qui s'était
passé, mais en exagérant beaucoup, et comme toujours en pareil
cas, il tendrait à son adversaire les pièges les plus perfides.
«
Évidemment, Mirzoev a été très grossier, dit Lalé, comme
répondant aux pensées de son mari. Je suis sûre que si un des
dirigeants de l’Azneft avait assisté à notre conférence, il l'aurait
remis à sa place. Mais le retard de ton trust est un grand atout
entre ses mains.
Je n'ai pas peur, fit Koudrat. Sa lèvre supérieure trembla,
et il quitta sa chaise. Rira bien qui rira le dernier. Mirzoev peut
faire tout ce qu'il veut ! Cela ne nous empêchera pas de mettre
à l'essai l'appareil de Minaev. »
Il fut interrompu par la sonnerie du téléphone. C'était la
direction de l'Azneft qui le demandait.
Au milieu du silence, Koudrat répondit :
«
Si Mirzoev n'a pas le respect de lui-même, ce n'est pas de
ma faute. Sa conduite a indigné tous ceux qui étaient présents.
Ce n'est pas du tout une question personnelle. Si m'ayant
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MEKHTI HOUSSEIN
.
Apchéron