«
Je sais que la majorité de la jeunesse s'en rend parfaite-
ment compte, et je la regarde avec fierté. Vous rappelez-vous
les héros de Krasnodon, avez-vous lu La Jeune Garde ? »
Il parlait du roman. Il s'emballait. La conférence était
devenue une causerie à cœur ouvert
«
Et il en est beaucoup parmi vous qui sont capables d'autant
d’héroïsme que ceux de Krasnodon, poursuivit Pacha, j'en suis
convaincu. »
Toute la salle applaudissait, et Bilandar s'exclama :
«
Ah, quel conférencier ! »
Taïr fixait Pacha de ses yeux ravis. Il se représentait les héros
de La Jeune Garde.
Voilà comment il faut être, songeait-il, oubliant tout,
oubliant même Latifa qu'il aurait pu voir s'il s'était retourné.
La conférence était finie. En attendant le concert, Taïr sortit
de la salle avec ses camarades, et il aperçut Latifa. Elle passa
avec son amie sans lui accorder un regard.
Le lieu est mal choisi, sinon je lui dirais quelques mots…
Ça ne fait rien, ce sera pour plus tard... , se dit Taïr, et il se
tourna vers Samandar :
«
Ousta
viendra-t-il au concert ?
Probablement ; nous l’avons invité.
Regarde comme elle fait la fière, dit Taïr en jetant à la
dérobée un coup d'œil sur Latifa. Et il ajouta entre ses dents: Si
elle avait fait le centième de ce qu'a fait Oulia , elle se croirait
certainement arrivée aux nues.
Mon vieux, tout ça, c'est de ta faute. Il ne faut pas la
vexer; elle est fière… Et qui sait ? Si elle s'était trouvée dans la
Jeune Garde, elle aurait peut-être fait tout autant qu'Oulia.
Oh ! » répondit vaguement Taïr, et il haussa les épaules.
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CHAPITRE VII