eux jusqu'à une heure avancée de la nuit, inscrivant dans un
cahier long et étroit, pareil à un livre d'adresses, tout ce qu'il
n'arrivait pas à comprendre. Et parfois il posait des questions
captieuses afin de mettre à l'épreuve les connaissances du vieil
électricien.
Lors que, la leçon terminée, Taïr prenait son cahier, on
entendait toujours de petits rires accompagnés d'exclamations.
Le vieux maître mettait l'accent sur la pratique ; il conduisait
ses élèves aux forages, leur donnait des exemples concrets. Ce
jour-là, en voyant le cahier de Taïr, il s'affaira.
«
Hier, dit-il, un incendie a failli éclater à notre puits. Je veux
vous y conduire et vous montrer sur place quelque chose que
vous ne trouverez dans aucun livre. En un point le fil était à nu,
et il avait suffi de la petite étincelle d'un court-circuit pour
qu'une flamme s'allumât dans l'air saturé de gaz. «Cela aurait pu
avoir les plus graves conséquences, disait le maître. Heureuse-
ment les ouvriers l'ont vu à temps. Imaginez-vous que cela se
soit produit à une sonde éloignée, ou encore en mer. Avant que
les pompiers arrivent, le feu aurait tout dévoré, les installations
et les ouvriers. Il faut vérifier très attentivement tous les fils
électriques et bien surveiller l’isolation. »
Taïr ne put s'empêcher de demander :
«
Et si l’incendie éclate malgré tout, que faire ?
Avant tout, couper le courant: comme ça ! »
Il promena longtemps ses élèves sur la plate-forme, puis il
monta avec eux en haut du derrick. Taïr vit la maison qu'habitait
Latifa, et il se souvint qu'ils devaient être ensemble au cinéma
à neuf heures.
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CHAPITRE VIII