costume qu'il portait autrefois, quand il était ingénieur aux
puits. Plus encore que lui, sa femme se lamentait de ses
déboires. Pour la tranquilliser ainsi lui-même, il disait :
«
Que veux-tu ? Tout arrive ! Aujourd'hui on vous élève,
demain on vous abaisse… J'irai travailler là où on m'enverra. »
Mais une fois dans la rue, il songea : « À présent, tout le
monde va dire, eh bien, mon vieux, on t'a rabattu le caquet ! »
et il regardait autour de lui, mais il n'y avait pas trace d'ironie
sur les visages. Chacun le saluait comme à l’ordinaire et passait
son chemin.
En arrivant au trust, il rencontra Koudrat qui revenait des
puits, et son trouble redoubla. Koudrat s'arrêta et le salua le
premier :
«
Bonjour, camarade Mirzoev ! Pourquoi êtes-vous venu à
pied ? Il fallait téléphoner, je vous aurais envoyé une auto. »
Ces paroles furent pour Mirzoev comme un coup de
poignard au cœur. Il songea, maussade : Il se moque de moi !
Mais déjà Koudrat lui tendait la main et l'invitait à passer dans
son bureau :
«
Je vous en prie ! »
Il ne voulait rien dire qui pût blesser l’amour-propre de
Mirzoev.
«
Aujourd'hui, commença-t-il, les nouvelles sont bonnes. La
tempête n'a pas ralenti le rythme des travaux ; elle semble au
contraire, l’avoir accéléré. Le plan d'extraction a été rempli à 92
%
au lieu de 88… Et pour le forage, aucun derrick n'a fait
moins de 120 %. Vous comprenez ce que cela signifie ? »
Koudrat leva sur Mirzoev un regard interrogateur, attendant
sa réponse.
Mais Mirzoev gardait le silence. Il pensait à autre chose. À
220
MEKHTI HOUSSEIN
.
Apchéron