ment le kolkhoz voisin, qui avait des réserves, a pu nous en
prêter. Après ça nous avons semé des fourrages, rendu ce que
nous devions, et ce qui nous restait, nous l’avons mis de côté.
Et ton père, que fait-il ?
Mon père est mort au début de la guerre. C’était le
premier palefrenier du kolkhoz.
C'est triste qu'il soit mort, dit Koudrat. Il y avait
longtemps qu'il était malade ?
Avant la guerre, il était tout à fait bien portant. Puis,
quand elle a éclaté, il s'est mis à geindre. Il avait bien vieilli !
Un jour, il a attrapé froid, il est tombé malade pour de bon, et
il est mort. C'était un excellent palefrenier: il avait reçu
plusieurs fois des remerciements.
Koudrat prit le récepteur, chiffra et dit d'une voix égale :
«
Je t'envoie un nouveau : Taïr Baïramly. Donne-lui une
place dans la chambre des jeunes. »
Puis, ayant raccroché, il s'adressa à Djamil :
«
Dis de ma part à
ousta
Ramazan que Taïr travaillera dans
l'équipe du soir. Et maintenant, voici mes conditions. Elles ne
sont pas faciles à remplir : tous ceux qui travaillent aux puits
doivent faire preuve d'une grande force de volonté. Taïr, si tu
crois pouvoir t'arrêter en chemin, dis-le tout de suite, pour ne
pas avoir à regretter ta décision lors des tempêtes hivernales ou
lors des chaleurs de l’été. Ensuite, je n'accepte les jeunes que
s'ils étudient en même temps qu’ils travaillent. »
Koudrat se tut pour donner au jeune homme le temps de
réfléchir.
«
Si tu es d'accord, va et commence à travailler. Est-ce clair,
ou veux-tuque je répète ? »
30
MEKHTI HOUSSEIN
.
Apchéron