C'était sa question favorite. Il souriait d'un bon sourire
d'enfant, l'air très satisfait de n'avoir pas dérogé à sa vieille
habitude. Et Taïr se dit qu'il lui serait facile de travailler dans le
secteur d'Ismaïlzadé ; non, les conditions posées ne pouvaient
pas ébranler sa décision !
Les jeunes gens serrèrent l’un après l’autre la main de leur chef
et quittèrent son bureau, heureux que tout se fût si vite arrangé.
Koudrat eut un clin d'œil à l’adresse de son ami :
«
Tu vois, j'ai de la chance. Dans les autres trusts, on manque
de jeunes ; chez moi ils viennent s'offrir. »
Il regarda au loin, l’air rêveur.
«
Ces jeunes, ce sont les futurs chefs de la production. Ce seront
des chefs de talent. Le sort du pétrole d'Azerbaïdjan sera entre leurs
mains. Voilà, mon ami, la chance sourit à ceux qui songent au
lendemain… »
Koudrat se leva et regarda par la fenêtre.On ne pouvait voir
qu'une partie du chantier par ce moyen. Un élévateur saisissait les
nouveaux tubes de forage qui gisaient en tas et les plaçait à la
verticale pour la descente. Tout près, la pompe d'un puits en cours
d’exploitation se balançait d'un mouvement régulier. Un peu plus
loin, le crépi tout frais des bureaux du chantier No 3 faisait une
tache blanche et à droite, on apercevait encore un derrick, mais sa
pompe restait inerte.
Koudrat n'était au trust que depuis une semaine, mais il
connaissait déjà chaque sonde, sa puissance, ses possibilités. En
voyant la pompe arrêtée, il fronça le sourcil, prit le récepteur,
demanda le chantier No 3.
«
Camarade Samédov, dit-il d'un ton las, si le forage va
partout comme chez vous, il n'y a pas à s'étonner du retard du
31
CHAPITRE I