rarement chez lui. Aussi la venue de Lalé le réjouissait-elle
beaucoup.C’était non seulement sa femme, mais encore une
aide et une amie. Aux moments des coups durs, ils ne se
voyaient que rarement et la séparation leur pesait à tous deux.
Depuis une semaine, Lalé avait été très occupée, elle aussi, et
tous les jours elle était rentrée tard. Elle téléphonait à Koudrat
au trust et, ne le trouvant pas au bureau, elle l'attendait en lisant,
jusque tard dans la nuit.
Elle savait qu'il se fatiguait beaucoup mais n'aimait pas en
parler. Même quand il se sentait mal, il ne se plaignait jamais.
Depuis le début de leur vie en commun, le moindre insuccès
de son mari la tracassait ; elle en souffrait comme d'un échec
personnel. Et elle avait pris l'habitude d'observer de loin, avec
attention et sympathie, tout ce que faisait Koudrat. Elle était
désormais face à lui. Ils se regardaient sans rien dire.
Ce fut elle qui rompit le silence :
«
Koudrat, demande à ta secrétaire de t'apporter un verre
de thé !
La secrétaire n'est pas là, je l'ai envoyée se reposer. »
Lalé avait l'air très lasse. Ses yeux cernés, sa pâleur disaient
qu'elle travaillait autant que son mari.
«
Tu es fatiguée, Lalé?
Non, hier je suis rentrée assez tôt.
Mais alors, tu as mal dormi ?
Ça, oui, j'ai mal dormi. Je t'ai téléphoné. On m’a dit que
tu étais au forage en mer. Tu n'as pas peur, à quatre heures du
matin ?
Il y avait la lune et la mer était calme !
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CHAPITRE I