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Peu après le départ d'Ismaïlzadé, le jour commença à
poindre. Les nuages s'amoncelaient, pareils à des brassées de
coton jetées les unes sur les autres, et voguaient lentement vers
le sud, chassés par un vent frais. Un vent qui s'était mis à
souffler pendant la nuit, et qui d'heure en heure se faisait plus
fort. Les vagues toujours plus hautes labouraient la mer en
grondant. Le bord du soleil qui émergeait lentement à l'horizon
faisait un segment rose dans le crépuscule trouble du matin.
Les ouvriers occupés à l'installation des tubages ne
s'apercevaient pas de la venue de l'aube. Ils s'efforçaient de rat-
traper le temps perdu. Aucun d'eux ne voyait que la lumière des
ampoules était devenue inutile.
Calme et concentré comme toujours,
ousta
Ramazan était là,
parmi eux et s'occupait de tous les détails du travail. En passant,
il jetait de brèves indications tantôt à Djamil, tantôt à Taïr.
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CHAPITRE III