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Quand Latifa apprit que Taïr avait voulu quitter Bakou, le
penchant presque imperceptible qu'elle avait pour lui disparut
aussitôt.
«
C'est donc que je me suis trompée à son sujet,
songea-t-elle, il n'a même pas un grain d'amour pour moi. S'il
m'avait aimée, il ne serait pas parti. C'est un gamin qui ne sait
pas ce qu'il veut. » Et elle évitait de le voir. Le matin, quand elle
rencontrait les ouvriers de l'équipe de nuit, elle saluait
ousta
Ramazan et Djamil, mais ne jetait même pas un regard à Taïr.
Depuis plusieurs jours il voulait lui parler seul à seule,
mais il n'y arrivait pas. Lui parler en présence des autres ? Et si
elle se montrait coupante, si elle l'humiliait ? En attendant,
puisque les circonstances lui étaient contraires, il feignait
l'indifférence la plus parfaite, mais il en avait gros sur le cœur.
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CHAPITRE IV