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Mirza, le neveu du Chah Tahmasib, y fut nommé gouverneur en 1556.
Dès son arrivée au pouvoir, il ordonna que soit créé le manuscrit connu sous le nom de
«
Haft Avrang » de A. Jami (qui se trouve actuellement à la Galerie Freer de Washington)
et qui sera à l’origine d’une magnifique collection.
«
Salaman et Absal se reposent sur l'île du Bonheur » constitue l’une des meilleures
miniatures de ce manuscrit. L’illustration de l’île est aussi opulente que celle qui est décrite
dans le manuscrit de Jami.
Dans l'ensemble, on retrouve les principales caractéristiques stylistiques de la miniature de
Tabriz. Des oeuvres de grande taille dépassent souvent les dimensions des cadres usuels, des
couleurs vives rappellent les pierres précieuses, des pigments, des surfaces de feuilles lustrées,
des lignes harmonieuses et rythmées, les formes libres de construction, ainsi qu’un cadre
architectural avec un panorama extraordinaire.
Les personnages mythiques sont élégants et l’environnement est merveilleux. La flore et la
faune sont de diverses natures, des motifs d'ornement raffinés sont présents sur le textile
(
les habits, les tapis, les tentes, les auvents). Ils décorent également les immeubles avec de
la brique émaillée, de la céramique et du bois.
L’un des traits les plus évidents et caractéristiques est sans doute l’énergie qui se dégage de
cette œuvre. Il faut d'ailleurs souligner que beaucoup d’excellentes miniatures
d’Azerbaïdjan créées à Tabriz à la fin du XVIe siècle sont remplies d’une grande vitalité.
Pour conclure, l'Ecole de Tabriz, formée à la fin du XIIIe siècle, a connu une très longue
évolution. Située au sein de l'Etat azerbaïdjanais des Séfévides au début du XVIe siècle,
cette école est devenu un centre prestigieux de la miniature au Proche-Orient. Elle s’est
développée dans un esprit de noble concurrence et en renforçant ses liens avec les écoles
voisines.
Il est indéniable que le développement continu de l'Ecole de Tabriz du XIVe au XVIe
siècles lui a permis d’affirmer sa position de leader et de constituer ainsi une véritable
référence artistique pendant trois siècles.
Les siècles suivants, à savoir les XVIIe, XVIIIe et XIXe siècles seront marqués par une
diminution, puis une disparition totale de la peinture miniature azerbaïdjanaise. De plus en
plus de peintures seront faites sur toile et à l’huile, alors que les miniatures n’apparaîtront
plus en Azerbaïdjan que de manière très fragmentée dans les décorations architecturales.