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Du XVIIe au XIXe siècles la peinture murale, qui avait déjà une tradition artistique séculaire, a vécu une véritable renaissance. C’est pendant ces deux siècles que
son expression artistique a véritablement émergé et a constitué une source d'informations principales pour les historiens de l'art azerbaïdjanais.
Ces peintures murales trouvent leurs racines dans l'art de la miniature de la période classique (XIIIe-XVIIe siècle). D’autre part, elles portent en elles les germes
d’une nouvelle perception artistique du monde, qui a été complètement réformée dans l’art azerbaïdjanais du début du XXe siècle.
Par rapport aux miniatures des manuscrits, cet art était beaucoup moins onéreux et devenait par conséquent beaucoup plus accessible. Il servait notamment à
décorer les constructions publiques et les quartiers des villes.
A côté de celles qui avaient un caractère essentiellement ornemental (géométrique ou végétal), on trouvait également sur les murs des peintures représentant des
thèmes de guerre et de chasse, de fêtes et de soirées musicales, de sujets littéraires ainsi que de motifs folkloriques. On trouvait également des portraits de
personnages historiques et des scènes de la vie quotidienne.
P.Butkov, militaire de la guerre russo-iranienne, découvrit ainsi des scènes de guerre et de chasse dans une maison de Chéki en 1796. On sait aujourd’hui qu’il a
également pu mettre la main sur des sujets imagés qui ont trait à la vie quotidienne. Dans ses récits, le général Bulgakov décrit des peintures représentant des
sujets historiques à l'intérieur même du palais des « khan » de Bakou.
Vers 1840, G. Gagarine a peint le hammam de Shamakhi qu’il a orné de peintures décoratives et des scènes de chasse à multiples figures. Les maisons de
particuliers à Lahij ont également été couvertes par le maître Achraf. Cependant, les peintures murales les plus significatives sont celles de Huseyngulu khan
d’Irevan et en particulier celles qui sont à l’intérieur même de la salle des miroirs.
Le baron A.von Gasthausen, F. Machkov et G. Gagarine ont laissé une description particulièrement intéressante de la peinture figurative ainsi que de celle qui
relate les scènes de guerre. En assistant à la restauration du palais et de ses peintures en 1850 en compagnie de Mirza Gadim Irevani, ils ont mis la main sur
beaucoup d’autres œuvres, que ce soit au palais des khans de Chéki ou au sein même de leur résidence privée.
Aux côtés des fresques du XVIII
e
siècle, les grands maîtres Gambir Garabagli, Safar Mirza Jafar, Ali Gulu et Gurban Ali et d’autres ont pu créer au XIX
e
siècle
leurs propres œuvres. Parallèlement aux représentations de la faune et de la flore d’Azerbaïdjan, existaient aussi dans le palais des frises représentant des scènes de
guerre et de chasse.
Ces oeuvres sont assez traditionnelles, sans grand caractère et se traduisent par une absence de perspective et de détails inutiles dans les représentations des
personnages. Certains héros sont cependant représentés de manière très individualisée, ce qui donne à ces oeuvres un effet vivant et dynamique.
Lors la découverte de ces miniatures, on a également mis la main sur des modèles faits au chevalet avec de la peinture à huile. Dans les œuvres du style gajar, il
y une surprenante synthèse entre les techniques européennes et l’art oriental de peindre. Comme tout « art de la cour des khans », la spécificité de la peinture de
Gajar se caractérise par la variété extraordinaire des vêtements et des bijoux , du travail sur les perles et les diadèmes ainsi que sur tous les autres accessoires. Très
souvent les oeuvres sont peintes dans une palette de couleurs douces, dans laquelle les nuances de jaune et de rouge occupent une place prépondérante. La couleur
noire est également très expressive et donne un aspect de profondeur et une réelle majesté aux œuvres représentées.
La présentation des personnage, leur regard et la manière de se tenir sont très importants. On peut ainsi mentionner des peintures, telles « la jeune femme qui
joue du daf » d’Abu Gassem Tabrizi (1916) ou « le jeune homme jouant du saz », qui sont au musée des Beaux-arts de Géorgie. La toile d’Ismail Djelaïr « devant