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Même si les monarques gardaient autrefois les miniatures avec leurs bijoux, cela n'a
pas empêché leur disparition. Cela a eu pour conséquence de grandes pertes entraînant
de fâcheuses lacunes dans le domaine de l'histoire de la peinture.
Dans le strict sens du terme, la peinture miniature est un art qui est très cher et
difficilement monnayable.
L'art de la miniature est inestimable. Les prix les plus élevés aux enchères sont loin
d'équivaloir à la valeur de ces oeuvres, de même que les dons des mécènes
d'aujourd'hui ne peuvent absolument pas être comparés aux richesses dont
disposaient les têtes couronnées d'autrefois.
A l'époque, pour qu'un centre de manuscrits puisse voir le jour, il fallait réunir de
nombreuses compétences, ce qui explique que ces lieux qui ont pourtant existé
pendant environ trois siècles puissent être comptés sur les doigts d'une seule main.
Pour les créer, il fallait incontestablement disposer d’un énorme capital, avoir une
solide unification étatique, être doté d’un gouverneur ambitieux qui soit sensible aux
arts et surtout disposer d’excellents peintres.
La convergence de tous ces facteurs n'était que rarement atteinte, d'où la brièveté des
périodes d'avènement de cet art.
Outre les difficultés d'accès et le nombre limité d'exemplaires, la mise en valeur de
la peinture nationale a rencontré d'autres obstacles plus spécifiques comme la
fragmentation des miniature, ou pire encore, les fréquents cas de «restauration» ou
même de tentative de « recréation ».
Ainsi, les exemples significatifs de miniatures de l'Ecole de Tabriz nous sont arrivés
fragmentés et très modifiés par rapport à leur origine.
Les amateurs de miniatures insistent sur l'harmonie entre lignes et couleurs, qui
procure un véritable plaisir esthétique.
La beauté de cet art – qui a la faculté de s’adresser directement à l’âme en
bouleversant les émotions du cœur – ne constitue cependant qu’une infime partie
de ses qualités. Les illustrations des poésies orientales sont caractérisées par le
réalisme de leur sujet canonique.
Les maîtres azerbaïdjanais, à la différence de ceux d'Iran, ont su clairement
représenter des émotions telles que la pitié, la haine, la joie ou encore l'affection. Cela
apparaît clairement sur les visages des personnages et dans les paysages chargés
d'émotions humaines comme la tristesse.