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Ingénieurs et maîtres foreurs étaient en conférence dans le
cabinet de travail d'Ismaïlzadé. À travers la fumée du tabac, les
visages se dessinaient, vagues et imprécis. L'atmosphère était
étouffante mais nul n'y faisait attention. Une même question
les préoccupait tous : pourquoi le trust était-il en retard sur le
forage, et comment combler la brèche ?
Un jeune ingénieur avait la parole. Sa tête allongée semblait
compriméeempes , et il passait à tout instant sa main sur ses
cheveux. Il affirmaitque si le trust restait en arrière, c'était à
cause des nouveaux. Il estimait queles jeunes, qui n'avaient pas
encore l'expérience ou les traditions du métier, n’étaient pas
une force nouvelle, mais un embarras de plus.
Depuis deux heures, Ismaïlzadé donnait la parole tantôt à
l'un, tantôt à l'autre
«
Je vous en prie, je vous en prie… »
Et il comparait en lui-même ce qu'il entendait à ce qu'il
pouvait observer chaque jour aux puits. Celui qui se plaignait
maintenant des nouveaux n'était pas un vieux routier de la
production, mais un jeune ingénieur. Koudrat se carra dans son
fauteuil et lança:
«
Expliquez-vous, camarade Fikret.
Les incidents sont presque toujours dus à l'inexpérience
et à la négligence des nouveaux venus, dit Fikret tout en
continuant à lisser ses cheveux ; et je ne dis rien du préjudice
que portent à laproduction ceux qui partent. »
Sont-ilsnombreux ?
Non, mais il y en a.
Pouvez-vous citer un exemple ?
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CHAPITRE IV