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les tons brun clair. Devant son large vestibule généreusement
éclairé, une foule immense ondulait, telle unemer agitée.
«
Le cinéma Nizâmi, expliqua Djamil. Tu as vu la photo
dansles journaux ?
Bien sûr, répondit Taïr sans quitter des yeux l'océan hu
main. Mais seulement dans les journaux… »
Un instant plus tard, Djamil reprit, en désignant une place
piquée d'arbres :
«
La place des Vingt-Six. Tu vois les monuments de
Chaoumian et Azizbékov, Fiolétov et Djaparidzé. Ces héros
glorieux ont été au-devant d'une mort certaine pour empêcher
les Anglais de mettre la main sur Bakou… Là, en face, c'est la
Maison des pionniers.
Pourquoi précisément là? demanda Taïr.
Pour qu'en allant au club, les enfants voient ces monu-
ments et songent aux vingt-six commissaires. Pour qu'ils sac-
hent que le socialisme n'est pas venu tout seul, qu'il y a des
hommes qui ont donné leur vie pour lui.
Et quels hommes, mes fils ! dit à côté d'eux un grand et
beau vieillard d'environ soixante-dix ans, en pantalon et en che-
mise de toile. Oui, vingt-six commissaires ! Nous avons été au
combat avec eux, moi et beaucoup d'autres, et nous avons dû
endurer pas mal de sacrifices. Une belle page d'histoire, pleine
de faits glorieux, d'événements magnifiques… »
L’homme gagna lentement la première plate-forme et de-
scendit à l’arrêt suivant.
«
Il en aurait des choses à raconter ! dit Djamil, qui le re-
gardait marcher sans hâte sur le trottoir en faisant sonner sa
grosse canne. Et les gens comme lui sont nombreux à Bakou.
Notre
ousta
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Ramazan, par exemple…
CHAPITRE I
1
N.d.t. : maître