trust ? Le camarade Ismaïlzadé ne doit pas m'en vouloir ! Il a
toujours travaillé dans des trusts d'avant-garde, alors que chez
nous ça a toujours plus ou moins cloché. Pourquoi ? Il y a à
cela des raisons profondes. Avant tout, nous tenons un secteur
difficile. Chacun sait que les forages sous-marins sont plus
compliqués que les autres. Plus tard, il sera peut-être possible
d'exécuter le plan des forages à 200 %, mais pour l'instant nous
ne pouvons pas nous livrer à des rêves aussi stériles. »
Certains confirmèrent par des hochements de tête qu'ils
pensaient comme l'orateur, et celui-ci n'était pas des derniers
parmi les maîtres foreurs du trust. Ismaïlzadé se rembrunit.
Depuis deux semaines qu'il travaillait au trust, qu'il observait et
qu'il réfléchissait, il s'était confirmé dans l'idée que ces cinq
conditions, et elles seules, leur permettraient de combler la
brèche. Mais il savait aussi, par une longue expérience, qu'à
elles seules les conditions de travail objectives ne suffisaient
pas : il fallait connaître les hommes, s'assurer l'appui des
travailleurs d'élite, et avant tout des vieux maîtres foreurs. Et ce
n'est pas sans émotion qu'il s'adressa au maître foreur du 154,
qui avait blanchi sur les chantiers.
«
Qu'en dites-vous, Timoféi Sidorovitch ? »
Celui qu'il interpelait ainsi, un grand homme au visage
maigre et allongé, aux yeux bleu clair très calmes, se leva sans
hâte:
«
Il y aurait beaucoup à dire, dit-il, mais je n'aime pas les
longs discours, et d'après moi, ce qu'il faudrait avant tout, c'est
parler moins, abréger toutes ces conférences. Je m'étonne de
voir que certains camarades ne font pas confiance à la jeunesse,
à notre jeunesse soviétique. Nous devons l'aimer car elle est
l'avenir. Et nous serions impardonnables si nous la tenions à
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MEKHTI HOUSSEIN
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Apchéron