Les paroles et les actes de cette simple femme russe lui
révélaient un monde nouveau, encore inconnu. Et il songeait :
«
Quelle force que ce sentiment humain qu'on appelle l'amour!
Non, on ne badine pas avec lui. »
L'audace de Katérina l'étonnait : « Quelle femme!Et si son
mari découvrait tout ?Je crois que même cela ne l'arrêterait
pas.»
Tout à coup Taïr sentit une main se poser sur son épaule. Il
leva la tête et aperçut Samandar.
«
Eh, mon vieux, si tu crois que je n'ai pas vu…
—
Quoi ?
—
Que tu étais avec Latifa ! »
Taïr accueillit ces paroles avec un sourire :
«
Viens, dit-il, faisons quelques pas. »
Samandar passa son bras sous le bras de Taïr et lui glissa à
l'oreille :
«
Moi, il y a longtemps que son amie me plaît… mais tout
dépend d'elles. Tu as vu sur la scène ? Quarante cadenas n'y
feraient rien : si elles ont envie de s'en aller, elles s'en iront
quand même. »
Taïr répliqua, se répondant à lui-même :
«
L'amour, c'est comme ça…j'ai beau me répéter que telle ou
telle m'aime, je n'en suis pas plus avancé.Tant que je ne l'aurai
pas entendu me le dire…
—
Eh oui, si elles ne nous portent pas dans leur cœur, nous
pourrions bien, nousaussi, être des Tikhon. »
Taïr fronça le sourcil :
«
Mais, Samandar, n'oublie pas que cela se passait autrefois!
—
Autrefois ou aujourd'hui, il faut être prudent avec les
femmes…
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CHAPITRE IV