«
Ousta
,
dit-il à Ramazan, ne pourrait-on pas aller plus vite
pour remonter les tuyauteries ? Ça va si lentement…
—
Mais non, fit Djamil en riant de son ignorance.
—
Pourquoi ris-tu ? Puisque nous sommes en émulation ! La
méthode de Stakhanov, n'est-ce pas de faire en une minute ce
qu'on faisait en cinq ? »
Ramazan, à son ordinaire, ne voulut pas aggraver leur dis-
corde ; il appuya l'un, mais sans condamner l'autre :
«
Il n'y a rien d'impossible », dit-il.
Taïr jeta à son camarade un regard triomphant.
«
Mais – car il y a un mais–,poursuivit
ousta
Ramazan, aller
plus vite pour la remontée, c'est risquer de détériorer les parois
du puits. »
À son tour, Djamil considéra Taïr avec un air de supériorité
indiscutable :
«
Qu'est-ce que je te disais ?
—
Ce qui fait que vous avez à moitié raison tous les deux,
dit
ousta
Ramazan. Ce qui serait merveilleux, c'est que
quelqu'un fasse une invention quipuisse nousaider… »
Satisfait de leur avoir à tous deux donné une réponse,
Ramazan se tut un instant.Puisil reprit :
«
Etmaintenant,ouvrez l'œil ! »
Il vit le regard interrogateur de Taïr, et expliqua :
«
On n'est plus loin du niveau pétrolifère. Prenez garde ! La
moindre distraction, et tout notre travail peut être perdu. »
Unissant leurs efforts, Taïr et Djamil accrochaient le tube à
l'élévateur. Mais ils n'avaient pas eu le temps de le remonter
jusqu'au bout quand Taïr aperçut Latifa qui sortait de la
“
cabine de la culture.” Il ne vit plus qu'elle, oubliant qu'il
fallait surveillerla remontée.
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MEKHTI HOUSSEIN
.
Apchéron