«
Si ça continue ainsi, il n'y a vraiment rien de bon à atten-
dre de lui, fit Ramazan à mi-voix », et il se détourna pour
dissimuler un sourire.
Taïr détacha aussitôt son regard de Latifa, se mit rapidement
à visser le tube et passa la clé à Djamil.
«
Tu oublies trop vite ce que Ramazan t'a dit, lança Djamil,
donnant un tour de clé au tube et la rendant à Taïr.
C’est bon, c'est bon, le malheur n'est pas grand ! répon-
dit Taïr.
Et ayant vissé le tube à fond, il jeta de nouveau un regard
rapide sur Latifa qui s'était approchée d'
ousta
Ramazan.
Celui-ci fit un geste de la main : il était temps de procéder à la
descente. Et le tube rentra dans le puits avec une sorte de ron-
flement monotone.
À l'aube, comme le travail de l'équipe de nuit touchait à sa
fin, la chaloupe Bakhar arriva avec six ouvriers.
Le chef d'équipe salua Ramazan et déclara :
«
C'est notre directeur, Lalé Ismaïlzadé, qui nous envoie
pour vous aider.
Nous aider ? »s'étonna
ousta
Ramazan.
Il toisa du regard le chef d'équipe.C'était un homme grand,
à forte membrure ; on voyait se dessiner ses muscles sous les
manches d'une chemise mince. Planté devant Ramazan, les
jambes écartées, il faisait songer à un lutteur qui attend.
«
On dit que vous êtes très en retard. Nous voulons vous
prendre à la remorque, vous aider à combler la brèche. »
Ousta
Ramazan pensa tout d'abord qu'il plaisantait, mais les
visages des nouveaux venus étaient sérieux et il répondit au
chef d'équipe :
«
Grand merci à Lalé-khanoum, mais pour le moment, nous
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CHAPITRE V