plein; l'équipe terminait l'installation de la sonde. Dans
quelques heures elle serait achevée. Les charpentiers mettaient
la dernière main aux boiseries, les ajusteurs vérifiaient les
mécanismes. L'équipe était bonne, on pouvait se fier à elle.
Néanmoins, Lalé-khanoum s'occupait des moindres détails.
Elleallait partir quand elle vit un groupe d'ouvriers assis sur des
poutres et parmi eux, le chef d'équipe qu'elle avait envoyé à
ousta
Ramazan.
«
Stépan Fédorovitch, comment se fait-il que vous soyez ici?
demanda-t-elle étonnée. Pourquoi n'êtes-vous pas encore parti?
Comment se fait-il que vous n'exécutiez pas mes ordres ? »
Bien que Lalé n'eût pas l'habitude de prendre un ton autori-
taire, quiconque ne faisait pas ce qu'elle disait avait toujours à
s'en repentir. Stépan Fédorovitch le savait très bien. Il se leva,
éclairé par l'ampoule suspendue à l'entrée du puits.
«
Camarade directeur, dit-il, vos ordres font loi, et vous avez
été obéie. Mais
ousta
Ramazan n'a pas voulu de nous.
Comment ?
Il a dit : le chameau a beau être maigre, n'avoir que la
peau sur les os, le porter dépasserait les forces du toucheur. »
Minaev, quine comprenait pas, regarda Lalé d'un air
interrogateur :
«
Qu'est-ce que celasignifie ? »
Lalé, d'abord déconcertée, se mit à rire :
«
C'est encore bien qu'il n'ait pas dit l'autre variante.
Oui, fit un ouvrier, un petit mince, qui se tenait à côté du
chef d'équipe : la peau d'un chameau crevé est une lourde
charge pour l'âne. »
Les ouvriers éclatèrent de rire. Alors seulement Stépan
Fédorovitch comprit la réponse d'
ousta
Ramazan, et il rougit
de dépit.
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CHAPITRE V