sissait mieux. Le voyant qui allait consulter le maître, il lui dit,
moqueur :
«
Avec les indications d'un autre, ma grand'mère aussi
saurait donner des ordres. Un ignorant pourrait croire que tu t'y
entends vraiment… »
Pour montrer qu'il savait travailler seul, Taïr décida de ne
plus rien demander au maître.
Ousta
Ramazan et Vassiliev,
comptant bien qu'en cas de difficulté le jeune homme
s'adresserait à eux, s'étaient assis à leur place favorite, sur un tas
de tiges, et parlaient de la situation internationale, de Truman
qui s'était détourné de la politique de Roosevelt et avait violé les
traités, tout en écoutant tourner la table.
«
Oui, disait
ousta
Ramazan, il y en a beaucoup qui louchent
vers notre “or noir.” Hitler le convoitait, il a montré les dents.
Et aujourd'hui, les discours de Truman ont une odeur de
pétrole… Mais tous leurs efforts seront vains… »
À ce moment, Taïr remarqua que la circulation de la boue
s'était interrompue. Il en eut le souffle coupé. Il regarda Djamil
d'un œil stupéfait et demanda malgré lui :
«
Comment se fait-il ? Regarde ! »
Djamil répondit, sarcastique :
«
C'est toujours ainsi quand on fait son malin… On ne
compte que sur soi et on gâte tout. Va vite avertir
ousta
Ramazan ! »
Taïr courut appeler le vieux maître. Ramazan et Vassiliev
comprirent dès le premiercoup d'œil.
«
Tout est fichu », dit Ramazan.
Et sans rien ajouter, sans regarder personne, il se dirigea
versla « cabine de la culture.»
Latifa qui avait du temps libre était plongée dans la lecture
et ne le vit pas entrer.
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MEKHTI HOUSSEIN
.
Apchéron