«
Ma fille, lui dit-il, il me faut Koudrat Ismaïlzadé au télé-
phone. »
Il s'assit à la petite table et essuya de sa manche la sueur qui
mouillait son front.D'un geste rapide Latifa prit le récepteur.
«
Tamara, Tamara, puis-je avoir Ismaïlzadé ? Il n'est pas là
?
Demande à sa secrétaire où il est… Oui, on a besoin de lui…
Comment, personne ne sait où il est parti?
Il n'est pas là ? fit
ousta
Ramazan, et il s'allongea une
grande tape sur la cuisse.
Alors, demande l'ingénieur en chef.
Qu'y a-t-il ? Pourquoi êtes-vous si ennuyé,
ousta
?
dit
Latifa inquiète.
Il a encore bayé aux corneilles !
Qui donc ?
Taïr. De nouveau la boue… Et nous n'avons pas de
matériaux… si nous téléphonons à Badirli, nous serons
sûrement obligés d'attendre encore une semaine ! »
Le visage de Latifa se rembrunit. Tout bas, elle grondait Taïr
:
il devait encore être en train de rêver à son village ! Elle reprit
le récepteur.
À ce moment, Koudrat et Badirli passaient en revue les
dortoirs des jeunes ouvriers. Quand ils entrèrent aux douches,
Koudrat, indiquant du doigt la rouille qui rongeait le métal,
fronça le sourcil et demanda :
«
Ça fait combien de mois que vous n'êtes pas venu jeter un
coup d'œil par ici ? Ouvrez un peu le robinet. »
Badirli, surpris que le directeur s'occupât de ces détails,
haussa les épaules.
«
Camarade Ismaïlzadé, je vérifierai tout cela moi-même
demain et je ferai le nécessaire. Pourquoi vous occuper de
pareilles bagatelles ?
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CHAPITRE V