qu'il dit des jeunes et du reste c'est pour cacher les vraies raisons
de sa mauvaise humeur » songea Lalé. Elle ferma les yeux, elle
voulait s'endormir, mais n'y réussit pas. Elle se tournait dans
son lit, obsédée par ses pensées. Enfin, elle se calma : « Peu
importe qui de nous sera le premier, se dit-elle, puisque nos
efforts ont un seul et même but. »
Lalé entendit Koudrat entrer dans son cabinet de travail : il
s'assit à sa table et se mit à écrire. Retenant son souffle, elle
écoutait le grincement de la plume, cherchant à deviner ce qu'il
écrivait. « À vrai dire, c'est aussi de ma faute, s'avoua-t-elle.
Avant d'envoyer mes équipes, j'aurais dû lui demander s'il était
d'accord. » Elle se retourna de nouveau. Koudrat s'avança alors
doucement jusqu'à la porte de son cabinet et la ferma. Lalé
n'entendait plus rien, sa conscience perdait toute netteté, était
comme enveloppée de brouillard.Enfin elle s'endormit.
Quand elle ouvrit les yeux au matin et ne vit pas Koudrat,
elle s'étonna : « Il ne s'est pas couché ! Il a dû partir au trust
pendant la nuit. » Elle appela sa belle-mère qu'elle entendait,
dans la salle à manger, ouvrir et fermer le buffet et préparer à
déjeuner.
«
Maman, où est Koudrat ?
Je voulais te le demander, ma fille, répondit Toukezban
avec un sourire un peu triste. On a encore dû l'appeler cette nuit.
Non, maman, il est parti parce qu'il m'en voulait, dit Lalé
en poussant un profond soupir.
Elle s'habillait encore quand Chirmaï se montra sur le seuil.
Elle leva d'abord sur sa mère, puis sur sa grand'mère son beau
regard sérieux, plein d'interrogation.
«
Qu'y a-t-il, mon petit ? » demanda Toukezban.
Mais au lieu de lui répondre, Chirmaï s'adressa à sa mère :
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MEKHTI HOUSSEIN
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Apchéron