l'air de le voir. Il hésita un moment et rebroussa chemin. Il
songeait : « Je le lui dirai quand je le verrai tout seul. S'il veut
se moquer de moi, autant que ce ne soit pas devantles autres. »
Cette nuit-là l'équipe ne fit à peu près rien : elle fora 20
mètres en tout et pour tout. Sorti de la chaloupe, Taïr suivit
Ramazan, guettant le moment où il resterait seul. Il le vit bien-
tôt prendre congé des autres et s'engager dans une rue animée.
«
Ousta
!
dit Taïr derrière lui. Je voudrais vous parler.
Puis-je venir chez vousune demi-heure? »
Ramazan se retourna et répondit, maussade :
«
De quois'agit-il ? »
Il se rendit compte que la chose était importante, car il
demanda :
«
Tu ne peux pas le dire ici ?
Non,
ousta
,
pas dans la rue. Je voudrais que vous
m'écoutiez à votre aise. »
Pour le sonder, Ramazan demanda sur le même ton :
«
Peut-être as-tu encore une fois décidé de rentrer à la
campagne ?
Oh non, pas du tout ! Mais j'ai quelque chose à vous dire,
à vous tout seul : un secret. Permettez-moi de venir chez vous,
ousta
. »
«
Il s'agit de la sonde », se dit le maître foreur, et il leva des
sourcils étonnés tandis qu'un sourire presque insaisissable
passait sur son visage.
«
Alors,viens, nous causerons. »
Quand ils furent entrés, Taïr lui dit :
«
C'est de ma faute,
ousta
Mais ça n'arrivera plus, je vous
le promets… »
Sa voix tremblait. Et le vieillard comprit que c'était sérieux,
que Taïr avait pris conscience de ses responsabilités. Cette
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MEKHTI HOUSSEIN
.
Apchéron