promesse venait non pas d'un être insouciant, mais d'un jeune
homme déjà mûri par l'expérience et sorti vainqueur des luttes
complexes qu'il s'était livré à lui-même. Et Ramazan s'en
réjouit, mais sans le montrer.
«
Nous verrons, dit-il. J'espère que tes actes confirmeront
tes dires.
Oui,
ousta
,
oui. J'ai compris bien des choses, et vous
verrez que je tiendrai parole. »
Taïr releva la tête. Il osait à présent regarder Ramazan en face.
«
J'ai une idée,
ousta
,
dit-il, et je suis venu pour vous
l'exposer… »
Contrairement à ses habitudes, Ramazan se montra
impatient de savoir :
«
Parle, dit-il, je t'écoute.
J'ai calculé qu'hier, pendant que nous attendions
l'électricité, nous avons perdu quatre heures…
C'est juste…et après ? demanda le vieillard, de plus en
plus intéressé.
Ça a été la même chose quand nous avons eu besoin d'un
ajusteur ou d'un charpentier. Et quand il y aura la tempête? Ce
n'est plus quatre heures, c'est vingt-quatre heures ou plus qu'il
nous faudra attendre. Je vois que nous perdons un temps
précieux. L'État en souffre et nous aussi. Pourquoi continuer
ainsi,
ousta
? »
Les yeux de Ramazan brillaient de joie.
«
Et alors,qu'est-ce que tu proposes ?
Ne pouvons-nous pas nous débrouiller tout seuls ? fit
Taïr(mais c'était une décision fermement prise plutôt qu'une
simple question.)
Chacun a son métier. Vous n'entendez rien au travail de
l'électricien ni toi, ni Djamil, ni Gricha.
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CHAPITRE V