C'est vrai, et pour le moment il nous serait impossible de
le remplacer. Mais pourquoi ne pas apprendre ? Car nous le
pouvons ! Apprendre chacun un de ces métiers, pour être à
même de nous passer de toute aide extérieure… »
Ramazan était heureux, non seulement parce que c'était une
bonne proposition qui allait bien les aider, mais encore et
surtout parce qu'elle venait de ce Taïr qui, au début, avait fait
sur lui une impression si favorable, qu'il eût été désolé de
devoir désavouer par la suite.
«
Pour l'État ce sera une perte ou un profit ?continuait Taïr,
développant son idée. Un profit, bien sûr… puisqu'un homme
fera le travail de deux et que nous supprimerons toutes ces
beures perdues.
C'est très bien, mais qui vous apprendra ces nouveaux
métiers ? demanda Ramazan.
J'y ai songé aussi,
ousta
Nous créerons un cercle au
club. Le
Komsomol
pourra s'en occuper, organiser, à côté du
cercle politique, un cercle de ce genre. On trouvera bien
quelqu'un qui s'occupera de nous sans qu'on doive le payer.
Bon, fit Ramazan, admettons que tu deviennes
électricien. Nous n'aurons quand même ni ajusteur, ni
charpentier…
Comment ? Et les autres ? Je ne parle pas seulement pour
moi ; qu'ils apprennent un second métier, eux aussi. »
Taïr s'était tu. Il attendait : le maître foreur, allait-il
approuver sa proposition ?…
«
Merci, mon fils, dit le vieillard en se levant, merci ; je ne
m'étais donc pas trompé à ton sujet… Il n'y a vraiment rien à
objecter ! »
Ramazan n'embrassa pas son apprenti, ne le serra pas
contre lui ; ce n'était pas dans ses habitudes.Mais il était sûr à
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MEKHTI HOUSSEIN
.
Apchéron