présent que Taïr lui ferait encore maintes propositions utiles.
Sinon aujourd'hui, demain en tout cas.Il rendrait de grands
services à la production.
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La réunion du
Komsomol
où le cas de Taïr était à l'ordre du
jour avait pris fin depuis longtemps. Le jeune homme regardait
le soleil qui se couchait derrière la colline couverte d'une herbe
rare, mais ses pensées étaient ailleurs. Tout le monde était parti.
Il restait seul, plongé dans ses réflexions : « On m'a attaqué,
songeait-il, mais je l'avais bien mérité. Je n'ai qu'à m'en
prendre à moi-même.
Ousta
m'avait fait confiance, et moi...»
Mécontent de lui-même, il hocha la tête. Ses camarades avaient
raison, et leurs reproches l'avaient moins affecté que les paroles
de Latifa. Pourrait-il jamais les oublier, ces paroles terribles :
«
Taïr est très difficile à corriger, c'est un mauvais
komsomol
Difficile, difficile ! Et qui donc ne se trompe pas ? Le
proverbe a raison : « Il n'y a que celui qui ne fait rien qui ne se
trompe pas. » Ah, Latifa, Latifa !
Dadachly, que Taïr considérait comme le plus sévère de tous,
s'était montré le meilleur, le plus délicat. C'est lui qui avait dit
: «
Nous devons savoir aider chacun de nos camarades. La faute
de Taïr est grande. Mais s'il a du sang de
komsomol
dans les
veines, il en tirera un enseignement pour toute sa vie. »
«
C'est juste! avait répondu Taïr. Je ne me mettrai plus dans
mon tort, j'en donne ma parole d'homme. » Il était content
d'avoir dit cela. Cette promesse avait fait bonne impression sur
tout le monde ; mais Latifa, qui baissait la tête, avait eu un
sourire moqueur. Elle avait été seule à ne pas le croire.
Pourquoi? C'était peut-être encore une fois à cause de Djamil?
Taïr se leva et sortit. Machinalement, il prit le chemin qui
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CHAPITRE V