Voilà qui est bien »
Maintenant le secrétaire se dirigeait vers Lalé ; sans doute
allait-il parler des défauts de son trust, mais un des appareils,
sur la petite table ronde, lança des appels brefs et répétés.
Aslanov retourna précipitamment à son bureau et prit le
récepteur :
«
C'est moi, dit-il, et il se tut un instant ; puis chaque ride de
son visage jusqu'alors tranquille exprima l’émotion :
Qui ?
Il attendait, crispé. Et les autres attendaient avec lui quelque
chose d'extraordinaire.
Tout à coup il se redressa.
Je vous écoute, disait-il bien haut. Bonjour, camarade
Staline ! »
Un murmure contenu courut à travers la pièce ; tous les
regards fixaient l'appareil.
Cet instant, ils auraient voulu le retenir, sans rien en perdre:
il valait une vie entière ! Staline s'entretenait avec les soldats du
front du pétrole. Koudrat sentait son cœur battre à grands coups
pressés, à l'étroit dans sa poitrine. Comme il aurait voulu
l’entendre lui-même, cette voix qu'il avait entendue aux jours
les plus critiques de la guerre, après une nuit d'insomnie, et qui
avait mis en lui la certitude de la victoire. Avec quelle émotion
et quel espoir il avait alors écouté chacun de ces mots qui le
rendaient plus fort. Maintenant encore cette voix les appelait à
se tourner vers l'avenir, il en était sûr. Elle leur ferait oublier
leurs échecs momentanés, leurs petits déboires ; elle leur
insufflerait des forces nouvelles et leur montrerait la voie pour
avancer et avancer encore…
«
Oui, camarade Staline, l'Azerbaïdjan a l’intention de garder
la première place dans l'industrie du pétrole. Vous connaissez
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MEKHTI HOUSSEIN
.
Apchéron