«
Je déclare la réunion terminée. »
Et promenant sur tous les assistants un regard hautain, il
sortit plein de lui-même, comme il était entré.
Ils n'en revenaient pas ! Comment ce bureaucrate avait-il
osé parler sur ce ton aux ingénieurs et aux maîtres foreurs !
Koudrat avait des raisons d'être encore plus vexé que les autres
;
chacun remarqua ses joues en feu et le tremblement de sa lèvre
supérieure.
La conférence était torpillée. Koudrat regarda Lalé
«
J'ignore, dit-il, ce que tu as l'intention de faire ; en tout cas
je suis prêt à endosser la responsabilité en permettant à Minaev
de mettre son appareil à l'essai à l'un des puits de mon trust. »
Minaev, très inquiet du sort de son invention, crut d'abord
que Koudrat disait cela par dépit, pour se venger de Mirzoev.
Mais non, le visage d'Ismaïlzadé était résolu ; il ne se dédirait
pas; il pensait sans doute que cette invention pouvait avoir une
importance énorme, amener de grands changements…
D'ailleurs, tous les autres lui donnaient raison.
Minaev, tout à sa joie, se hâta de rentrer chez lui, impatient
de faire part à sa femme de la bonne nouvelle.
Ousta
Ramazan avait assisté à la conférence.Koudrat et Lalé
lui offrirent de l'emmener.
«
Nous téléphonerons à tante Nissa pour lui dire que tu es
chez nous, et qu'on l’attend aussi… »
Ils étaient arrivés, Toukezban les accueillit sur le seuil :
«
C'est bien rare, fit-elle…comment se fait-il… et si tôt ! »
Koudrat la serra dans ses bras.
«
C'est vrai, maman, c'est plutôt rare. Mais que veux-tu, nous
avons tant à faire ! Ceux qui restent en arrière, on les attrape.
Je ne veux pas que chacun puisse s'en prendre à moi… je n'ai
pas l’habitude. »
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MEKHTI HOUSSEIN
.
Apchéron