premier rang, dans la salle longue et étroite. Pas une place ne
restait libre : la veille Dadachly avait beaucoup vanté le nouvel
orateur.
Tous les regards étaient tournés vers l’homme dont le
secrétaire de l’organisation du
Komsomol
avait dit tant de bien.
Cet inconnu en uniforme avait tout de suite provoqué l'intérêt
général. On voyait briller sur sa poitrine différents ordres
militaires, et quand Dadachly jugea le moment venu de le
présenter, cet intérêt augmenta encore.
«
Ceux qui ne sont pas venus aujourd'hui le regretteront, fit le
secrétaire de l'organisation du
Komsomol
en promenant son
regard sur l'assistance ; bien qu'il fût satisfait du nombre des
présents, il hochait la tête ; ils n'auront qu'à s'en prendre à
eux-mêmes. À la demande du Comité d'arrondissement du Parti,
le camarade Pacha Iskenderzadé nous parlera aujourd'hui de la
physionomie morale de la jeunesse soviétique. Vous savez sans
doute qui est le camarade Pacha… »
Comme personne ne répondait, il demanda :
«
Et
ousta
Ramazan, vous le connaissez ? »
De tous côtés, des cris s'élevèrent :
«
Oui, oui !
Eh bien, le camarade Pacha est le fils d'
ousta
Ramazan. »
De vifs applaudissements accueillirent ces paroles.
«
Il vient de rentrer du front…Et maintenant, restez tranquilles
et écoutez. »
Pacha, quittant la petite table qui faisait face à l'auditoire, vint
se placer juste devant Taïr. Dans son unique main il n'y avait
aucun papier.
«
Je ne vous parlerai pas aujourd'hui des qualités morales dont
la jeunesse soviétique a fait preuve au front, commença Pacha
d'une voix tranquille, un peu basse. Peut-être vous en parlerai-je
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MEKHTI HOUSSEIN
.
Apchéron