une autre fois…Aujourd'hui, je veux vous entretenir de ce qu'est
la physionomie morale de notre jeunesse en temps de paix, dans
les conditions de chaque jour. Pacha ne regardait pas son auditoire
;
ses yeux plongeaient au loin ; pourtant, dès les premiers mots, il
sut capter l’attention de tous. Avant la guerre, disait-il, je n'avais
jamais été dans aucun autre pays d'Europe. Certains admirateurs
de tout ce qui est étranger parlaient avec un étonnement mêlé
d'admiration de la culture de ces pays. Et il me semblait, en les
écoutant, qu'on était là-bas bien plus avancés que chez nous. Mais
en réalité, qu'ai-je vu ? J'ai vu, et très vite, que l'homme soviétique
est bien meilleur, bien plus conscient que beaucoup d'Européens,
qu'il mérite d'être placé bien plus haut. Les meilleurs là-bas, ont
les yeux tournés vers l’Union soviétique. Mais j’ai pu observer
aussi une jeunesse petite-bourgeoise et bornée. Et je dois dire que
mon amour de la jeunesse soviétique s'en est trouvé centuplé.
Aujourd'hui, quand je marche dans la rue, quand j’assiste à une
réunion, quand il m'arrive d'être au puits, je regarde nos jeunes
avec une émotion contenue. Quelle énergie je trouve en eux,
quelle volonté d'atteindre le but, quelle certitude de lutter pour
une cause juste. Et comme ils aiment leur Patrie ! Bien sûr,
la jeunesse a aussi ses défauts, que tout le système d'éducation
soviétique s'attache à faire disparaître. Ainsi, nous ne sommes pas
toujours assez gentils les uns pour les autres. On m'a parlé d'un
jeune gars de votre trust qui avait voulu quitter le travail, déserter,
retourner dans son village. Vous l'avez, m'a-t-on dit, bien
enguirlandé.” Moi, à votre place, je ne me serais pas hâté de le
faire… »
Taïr était devenu cramoisi. Il était sûr qu'il s'agissait de lui.
Il songeait : « C'est son père qui a dû le lui dire ! » Et il redoutait
à chaque instant d'entendre prononcer son nom.
«
Je ne me serais pas hâté, parce que ce jeune gars est né ici,
187
CHAPITRE VII