«
Qui donc nous a privés du droit de nous occuper
d'inventions ?
Mais, camarade Koudrat, c'est qu'au lieu de vous rendre
aux puits et d'y accomplir le travail productif que l'on attend de
vous, vous passez votre temps, sans y être invité, à vous
occuper de ce qui regarde le Bureau des inventions.
Que voulez-vous, répliqua Koudrat, ce bureau est subor-
donné à Mirzoev ; je connais assez son caractère, sa peur des
novations, dont j'ai été plus d'une fois le témoin, pour
considérer qu'il était de mon devoir de m'intéresser à
l’invention de Minaev.
Tu ferais mieux de t'occuper de ce qui te regarde ! » lança
Mirzoev, prêt à éclater.
Mais Ismaïlzadé eut l'air de ne pas l’entendre ; il poursuivit:
«
Il ne s'intéresse qu'aux indices d'aujourd'hui ; moi, je pense
déjà à 1950. Vous voyez donc qu'entre nous il y a plus que de
l’incompréhension : il y a un abîme. Si nous nous conformions
à ses directives, nous remplirions le plan pendant deux ou trois
mois, mais nous pourrions ensuite nous trouver dans une
impasse. Je préfère avoir honte pendant trois mois tout de suite
que pendant bien plus longtemps après.
Drôle de raisonnement ! s'écria Mirzoev. Il ne faut
accepter la honte ni aujourd'hui ni demain ! »
Que pouvait répondre Koudrat ? Rappeler dans quel état il
avait trouvé le trust en arrivant eût été trop long et parfaitement
inutile : ceux qui l'écoutaient le savaient aussi bien que lui. »
«
Tous les trusts que j'ai dirigés jusqu'ici, je les ai dirigés en
misant sur l'avenir. Et cela a donné ses résultats… fut tout ce
qu'il trouva à dire.
Laissez la vos succès d'hier : c'est d'aujourd'hui qu'il
s'agit!
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MEKHTI HOUSSEIN
.
Apchéron