C'était un homme jeune, petit et gros. À chaque plaisanterie
qu'il débitait, il riait plus fort que tous les autres.
«
À présent, dit-il pour annoncer une des dernières danses,
vous allez voir un numéro qui ébranlera la terre et le ciel. »
Se tournant vers l'orchestre, il lança :
«
Kaïtagui !»
Mais personne ne rit. Il continua :
«
La parole est aux pieds de Samandar ! »
Et comme la salle éclatait en applaudissements, il crut que
c'était pour lui et eut un large sourire, ce qui provoqua
l'hilarité générale. Il était vraiment trop bête.
Samandar s'était avancé dans l’espace libre. La mélodie
d'abord lente et douce, prenait toujours plus de force et de
vivacité.
Samandar exécutait une de ces danses tant aimées du peuple,
où le rythme se précipite peu à peu et s'affole. Quand il eut
terminé, toute la salle battit des mains et cria « bis ! », « bis ! »
De nouveau l’annonceur apparut :
«
Du calme, camarades ! Le programme est bien préparé,
vive le cuisinier ! »
Latifa, qui en avait assez d'écouter depuis plus d'une heure
et demie ces « mots d'esprit» demanda à Zivar :
«
D'où sort-il ? Qui est-ce qui l'a fait venir ?
Les danses et la musique font plaisir, répondit Zivar, mais
l’annonceur, ah-là-là ! »
Tout à coup, à sa grande surprise, Latifa l'entendit qui disait:
«
Le meilleur des achougs, Taïr Baïramly… va exécuter…
il y eut une pause, il vous dira lui-même quoi… »
Tous ceux qui connaissaient Taïr applaudissaient. Mais la
plupart le regardaient en silence, se demandant s'il valait la
peine de rester.
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MEKHTI HOUSSEIN
.
Apchéron