Samandar regarda attentivement Taïr, puis ses yeux rusés
fixèrent Djamil, et il dit avec un petit rire affectueux :
«
Mon vieux, ne crois pas que je n'ai pas vu…
Quoi ? dit Djamil en levant sur lui un regard inquiet.
Comme tu suivais Latifa… »
Djamil ne répondit rien. Il baissa les yeux et soupira. Et
Samandar qui voulait en avoir le cœur net dit doucement :
«
Elle t'a refusé ? »
Ils attendaient la réponse en silence. Et rien ne trahissait
l’émotion de Taïr dont le cœur battait à se rompre. C'est donc
pour cela qu'il a disparu tout d'un coup, songeait-il… il a
reconduit Latifa !Djamil était comme cloué sur place. Tout à
coup, il s'approcha de Taïr en disant :
«
Tu es heureux, Taïr ! Je place par-dessus tout la sincérité
entre amis… Elle t'aime… Je ne veux pas me mettre entre vous
deux…
Comment le sais-tu ? demanda Samandar.
Réprimant l’amertume qui gonflait son cœur, Djamil
répondit :
Je l’ai vu de mes yeux et entendu de mes oreilles… »
Il y avait dans sa voix un léger tremblement qui n'échappa à
personne. Était-ce possible ? Taïr aurait voulu demander des
détails à Djamil, mais il s'en garda bien, craignant d'aggraver sa
douleur.
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Ayant appris pourquoi Koudrat était venu le trouver, le
secrétaire du Comité de ville avait convoqué Mirzoev et le
directeur de l'Azneft. En les attendant, il avait pris connaissance
du projet de Minaev et avait lu l’opinion de Talybzadé. Koudrat
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CHAPITRE VIII