Elle songeait : je ferais peut-être mieux de lui écrire quand le
puits sera terminé ? il ne reste plus que cinq jours !
«
Oui, ma fille, il nous reste bien peu de temps : cinq jours,
dit Vassiliev, comme s’il avait deviné sa pensée. Les gars ont du
cran, j'ai confiance en eux. Mais sais-tu ce qui nous manque ?
Quoi ? demanda Latifa.
Je voudrais ne pas devoir en parler, mais voilà…il nous
manque des vivres.
Des vivres ? répéta Latifa pensive. Ne vous inquiétez pas,
Serguéi Timoféevitch, on nous en enverra… »
Mais Vassiliev se demandait avec inquiétude s'il serait
possible de leur apporter de la nourriture malgré la tempête. Il
éleva involontairement la voix pour demander :
«
Tu crois qu'on nous en enverra ?
Mais bien sûr ! On ne nous laissera pas avoir faim !
Oui, mais aucun de nous n'acceptera que quelqu'un risque
de se noyer pour venir lui emplir le ventre. Et moi moins que
tout autre… Cela ne rime à rien ! Vassiliev désigna du doigt,
dans un coin, le poste de TSF : Et là, tout va bien ? »
Ce fut pour Latifa comme un trait de lumière : « Ah, il est
venu pour la TSF !»
«
Je venais justement de la vérifier quand vous êtes entré,
dit-elle. Elle fonctionne bien. Si le téléphone ne marche plus, je
passerai à la radio.
Tu es une brave fille !
Dommage seulement que mes billets vont se perdre.
Je devais aller voir Onéguine aujourd'hui.
Bah, tu le verras une autre fois.
Combien de temps durera cette tempête, quatre ou cinq
jours ?
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MEKHTI HOUSSEIN
.
Apchéron