Fikret passa sa main sur ses cheveux en regardant Koudrat.
Il réfléchissait. Il se souvint de la discussion qu'il avait eue à la
conférence avec son directeur, et il songea : « Il veut répondre
à mes objections, prouver qu'on peut lutter contre les éléments.
Soit, je suis prêt, je n'ai pas peur. »
«
Le moment est venu de montrer son courage, répondit-il
tout haut. Eh bien, camarade Koudrat, si vous voulez me
mettre à l'épreuve, je suis prêt.
Vous mettre à l'épreuve ? Il ne s'agit pas de cela ! Par un
temps pareil, il vaut mieux que les ingénieurs soient sur place.
On a peut-être besoin de notre aide aux nouveaux puits.
Je n'ai rien contre, j'irai.
Effectivement, Fikret était prêt à se mettre en route. Cela
n'étonna pas Koudrat. Il ne s'était pas montré lâche non plus à
la conférence en exposant ouvertement ses doutes.
Seulement, ajouta Fikret, je ne puis partir que dans une
heure.
Pourquoi ?
Au deuxième chantier on termine le perforage au 814.
J'ai promis d'y être. Quand j'aurai fini là-bas, j'irai en mer.
Très bien. Et que promet de donner le 814 ?
— 150
tonnes au moins. Peut-être davantage. Mais au 402,
ça va moins bien... rien que de l'eau, à deux reprises... Demain,
on vérifiera les résultats de l’émulation; la commission est
désignée. »
Koudrat scrutait le visage du jeune ingénieur. Il lui semblait
qu'en parlant des échecs essuyés au 402, il continuait de
défendre son ancien point de vue, il insinuait que le plan était
irréalisable.
«
Camarade Koudrat, dit Fikret, n'allez pas croire que je sois
insensible au retard du trust. Nous sommes arrivés à rendre les
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CHAPITRE IX