«
Au contraire, il devient plus fort… À vrai dire, camarade
Koudrat, si j'ai tout préparé, c'est parce que vous m'en avez
donné l'ordre. Je ne veux pas que vous pensiez que je suis un
bon à rien, mais pour être franc… »
Sentant que Badirli, tout comme Mirzoev, était loin de
l'approuver, Koudrat l'interrompit d'un geste.
«
Allons, allons, dépêchons-nous, ils ont peut-être faim,
là-bas…
Pour vous dire toute ma pensée, camarade Koudrat, le
temps qu'il fait ne me plaît pas. Fermer les yeux là-dessus, c'est
risquer gros.
Alors, d'après vous, que faut-il faire ? demanda
Ismaïlzadé.
Il faut y aller, bien sûr. Mais … peut-être attendrons-nous
trois ou quatre heures que la tempête se calme un peu ? »
Pour toute réponse Koudrat monta dans la voiture et fit signe
à Badirli de le suivre.
«
Un bon conseil, lui dit-il : quand vous entreprenez quelque
chose, soyez ferme dans votre décision. Quand il hésite,
l'homme devient lâche… »
La voiture gagna la route et s'enfonça dans des nuages de
poussière tourbillonnants, tandis qu'une grêle de petits cailloux
frappait les glaces… On ne pouvait rien distinguer à deux pas.
Le chauffeur alluma les phares, mais sans grand résultat.
Enfin arrivés à la côte, ils entrèrent dans la petite maison du
gardien où se réunissaient d'habitude les équipages des
chaloupes.Les capitaines, convoqués sur l'ordre de Koudrat,
étaient en grande discussion. Ismaïlzadé put saisir quelques
phrases ; ils se plaignaient des maîtres : avait-on idée de
travailler par un temps pareil ! Mais l'un d'eux, gros et
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MEKHTI HOUSSEIN
.
Apchéron