Koudrat se tourna vers lui :
Et comment t’y prendras-tu ?
J'ai préparé une corde longue et mince…
Pourquoi faire ? »
Le capitaine se rait à rire :
«
Pour me pendre si je n'arrive pas à leur porter des vivres.
Mais Koudrat ne riait pas.
Ce n'est pas le moment de plaisanter.
Eh bien, voilà, camarade Ismaïlzadé, j'ai pris une corde
longue et mince pour y attacher les vivres et les lancer au puits,
car il ne faut pas songer à accoster. Si un paquet tombe à l'eau,
je pourrais toujours le repêcher. J'ai encore une grosse corde.
Celle-là, c'est pour amarrer la chaloupe, sans quoi les vagues la
rejetteront chaque fois à 500 mètres en arrière.
Il arrivera, se dit Koudrat rassuré.
Et vous ? demanda-t-il aux autres capitaines. La sonde
de Ramazan n'est pas la seule qui ait besoin de nourriture. Il y
en a peut-être parmi vous qui hésitent ? Qu'ils le disent.
Mais personne ne se récusa.
Le plus difficile, bien sûr, c'est d'arriver au 155, reprit
Koudrat. Il faut faire pour le moins deux kilomètres en haute
mer. Pour les autres, c'est un peu moins dur. Toutefois, chaque
capitaine doit faire bien attention… Et maintenant, que deux
d'entre vous tiennent leur chaloupe prête pour intervenir en cas
d'accident. Les autres iront aux puits. »
Cinq minutes plus tard, les vivres étaient déchargés et
répartis entre les chaloupes qui l'une après l’autre prirent la mer.
Le
Tchapaev
allait en tête. Koudrat scrutait l’horizon d'un
regard intense et prêtait l'oreille aux hurlements du vent.
«
Camarade Koudrat, dit Badirli d'une voix entrecoupée en
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MEKHTI HOUSSEIN
.
Apchéron