«
Et qu'a dit
ousta
? »
demanda-t-il à Samandar.
Il a dit : ‘’J’ai hâte de revoir Djamil’’. Il est resté
longtemps ici à bavarder avec nous. Cela nous a fait bien plaisir.
Il a parlé du temps jadis. Il en a vu, des choses.
Alors, tu dis qu'il y a un nouveau directeur ?Tu l’as vu ?
Non. Avant de venir ici, je crois qu'il était dans un autre
trust. On nous l'a envoyé une semaine après ton départ. On dit
qu'il serre la vis à tout le monde. Pour le moment, il est bien
difficile d'en dire plus long. Si ça ne marche pas mieux
qu'avant, on ne fera pas son éloge. »
Djamil l'interrompit, impatient de tout savoir :
«
Et le plan de forage? Quand je suis parti, il n'était rempli
qu'à soixante pour cent. Et maintenant ?
Eh, dis donc, c'est un peu plus difficile que de manger de
la
khalva
.
Tu voudrais qu'en une semaine le nouveau directeur
ait accompli des miracles ? »
C'était juste et Djamilmit fin à ses questions.
«
Va vite te laver et déjeunons, dit-il à Taïr ; il faudra aller
au trust aujourd'hui même, pour te présenter. »
Il prit une brosse dans sa table, sortit dans le corridor et se
mit à cirer ses chaussures.Quand il revint, Samandar lui
annonça une autre nouvelle :
«
Ah, oui, Djamil, hier j'ai vu Latifa au parc. Je suis passé
près d'elle et je l’ai bien regardée. C'est vrai, mon vieux,
qu'elleest belle ! Seulement, elle était avec un bien joli garçon.
Et toi, tu n'es qu'un ouvrier, tu as les mains calleuses et tu sens
le mazout. Elle se trouvera sûrement un ingénieur… »
La plaisanterie piqua Djamil au vif, mais il sut feindre
l’indifférence et son visage ne le trahit point. Il fallait convain-
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CHAPITRE I