taille, une corde entre les mains, qui leur criait tandis que le
second dirigeait la manœuvre :
«
Ohé ! Attrapez l'amarre! Tenez bien l'amarre ! »
Il l'avait lancée si adroitement, avec le lest attaché au bout,
qu'elle vint s'abattre juste aux pieds de Djamil et de Taïr qui la
saisirent rapidement et se mirent à tirer dessus.
«
Assez ! Ne tirez plus ! Je n'accosterai pas ! »
Les vagues faisaient danser la chaloupe, mais le capitaine
était solidement planté sur ses jambes. Il recevait des mains
d'un marin les pains éclaboussés par l'écume, les boîtes de
conserves et autres vivres qu'il attachait à la corde mince et qu'il
lançait d'un élan vigoureux en criant :
«
Ohé, les décavés, attrapez !
Le vieux Ramazan regardait le capitaine avec admiration et
murmurait dans sa m
ousta
che :
Ah, qu'il est courageux, qu'il est brave ! Mais regardez-
le donc ! »
Un des pains tomba dans l'eau.
«
Oh ! firent Djamil et Taïr. Et ce dernier ajouta :
Dommage que Samandar ne soit pas ici : il irait le
chercher au fond de la mer !
Ça ne fait rien, ça ne fait rien ! criait le capitaine. Il y a
assez de pain en terre soviétique ! Et il retira la ficelle de l'eau,
mais le pain avait disparu...
Attention, je lance ! Tenez bien ! »
Cette fois, le capitaine fit tournoyer la corde au-dessus de
sa tête comme une fronde, et lança le pain d'un geste large.
Djamil le saisit au vol et le capitaine se frappa la poitrine :
Dites encore que je ne suis bon à rien !
Djamil détacha le pain de la corde et le passa à Taïr.
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CHAPITRE IX