On va revivre !
Le capitaine tira la corde à lui, y attacha une grande boite
de conserves et la lança avec plus de précision encore :
Eh là-bas, ne mangez pas tout d'un seul coup ! Parce que
je ne reviendrai plus ! J'ai trop la frousse !
De nouveau, la corde prit son envol.Cette fois, elle apportait
un saucisson. Le capitaine cria de nouveau :
«
Vous m'entendez, il n'y a que la vodka qui manque ! J'ai
fait exprès de ne pas en prendre : je l'aurais bue en route et je
serais en train de nourrir les poissons…
Eh, Abbaskouli ! répondit Ramazan, tu as eu tort,
ça n'aurait pas fait de mal de se réchauffer un peu ! »
Le capitaine répondit :
«
Hélas,
ousta
,
je n'entendrai donc jamais une bonne parole
de toi ?
Le vieillard riait.
C'est bon, nous allons faire la paix ! Merci. Souffle un
peu… tu n'es pas de fer, souffle un peu… »
Mais Abbaskouli ne s'arrêta que lorsqu'il eut lancé tout ce
qu'il apportait. Le vent s’était un peu calmé. Le capitaine en
profita pour virer de bord et prendre le chemin de retour.
Soudain on entendit dans la cabine un cri d'horreur poussé
par Latifa. Tout le monde se précipita. La jeune fille courait sur
le pont.
«
Le feu, le feu ! »
Oubliant leur faim et leur soif, les hommes se ruèrent vers la
cabine.
Comment cela s'est-il produit ? demanda Vassiliev
essoufflé.
Les fils électriques ont pris feu. J'ai voulu allumer la
lumière, j'ai vu des flammes...
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MEKHTI HOUSSEIN
.
Apchéron