Du calme, les gars, ordonna Vassiliev, apportez de
l’eau… » Taïr allait prendre un seau quand il se rappela ce que
leur avait dit le dirigeant du cercle : avant tout couper le
courant. Il arracha des mains d'un de ses camarades un seau
d'eau qu'il lança par la fenêtre de la cabine. Une épaisse fumée
en sortit. Mais le feu n'était pas éteint. Avec un vent pareil, la
flamme pouvait gagner tout le puits…
Djamil avait ouvert une caisse de sable. Il le jetait à pelletées
dans la cabine.
Latifa cria tout à coup :
«
La TSF…la TSF va brûler ! »
Chacun songea : rester sans communications dans une
pareille tempête ! Latifa voulut s'élancer dans la cabine, mais
Vassiliev la retint :
«
N'y va pas, Latifa ! Je te dis de ne pas y aller ! »
La décision de Taïr fut vite prise. Il laissa tomber le seau
vide, et d'un bond fut à l'intérieur. Il y faisait une chaleur
insupportable. Une fumée âcre l'enveloppait.
Plissant les yeux, il chercha des mains l'appareil et le trouva.
Mais il étouffait. Tout à coup il sentit une fraîcheur salutaire :
quelqu'un l'arrosait par la fenêtre.
Latifa endura mille morts pendant ces quelques secondes.
Quelque chose s'était brisé en elle quand elle avait vu Taïr
s'élancer dans la cabine. Elle était restée clouée sur place, les
yeux agrandis par l'horreur, et elle se répétait : “Il va brûler, il
va brûler !” »
Un soupir de soulagement jaillit de toutes les poitrines : Taïr
sortait, la radio sous le bras. Sa combinaison bleue fumait ; ses
cheveux sentaient le roussi, ses yeux pleuraient à cause de la
fumée. Djamil l'arrosa pour la seconde fois.
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CHAPITRE IX