sert-il d'avoir étudié si je ne peux... Il est vrai qu'il n'était pas
très sûr de lui. Il n'y avait pas longtemps, l’électricité s'étant
éteinte dans leur chambre, on avait fait appel à ses connais-
sances... longtemps il avait cherché parmi les plombs, retirant
la main chaque fois qu'il sentait le courant, et ses camarades en
riant l’avaient appelé l'“ électricien à la manque” …»
Mais maintenant il avait plus d'expérience. Il ne devait pas
hésiter.
«
Ousta
,
dit-il, je pourrais peut-être réparer le fil. Vous me
permettez d'essayer ? »
Ramazan se taisait. Il semblait calme, mais il avait le cœur
bien lourd. Dire qu'il restart si peu à faire pour terminer le puits
!
Taïr pourrait-il s'en tirer ? en tout cas il était impossible de
travailler sans lumière : au point où ils en étaient ce pouvait
être la catastrophe. Il n'oubliait pas que dans la lutte contre les
éléments aveugles il arrive parfois qu'un hasard stupide réduise
à néant le fruit de deux ou trois mois de travail. Maintenant un
rien pouvait tout perdre. La lumière était indispensable en ces
heures décisives…
«
Puis-je essayer,
ousta
?
redemanda Taïr.
Mais réussiras-tu ?
Il faut que je réussisse,
ousta
!
Alors, vas-y. Mais pas seul: que les autres t'aident ! »
On trouva du fil. Remplacer celui de l'appareil, qui avait
brûlé, ne présentait aucune difficulté ; Latifa aida Taïr. Restait
à réparer l’électricité. C'était autrement compliqué ! Il fallait
d'abord trouver le point de rupture, et ensuite s'assurer que nulle
part le fil n’était à nu. Déjà le soir tombait. On n'avait pas de
temps à perdre.
«
Djamil, où crois-tu qu'il faille chercher la cassure ?
demanda Taïr.
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CHAPITRE IX